15/06/2020
ITW SANS BARRIERE, SANS MASQUE et SANS GANTS - Wilfrid ROUSSE
Trente-trois ans que Wilfrid Rousse travaille dans les vignes du côté du Véron, dans l'Ouest tourangeau, et il n'avait jamais vécu des choses aussi extraordinaires en quelques mois: « La vigne est très en avance cette année. Je crois qu'il faut remonter à 1893 pour trouver la même situation !
Là, c'est la nature qui s'impose. De son côté, la covid-19 m'a offert un spectacle inédit dans ma pièce de dégustation fermée pendant pratiquement deux mois. Quand j'ai ouvert la porte, j'ai vu un nid de grive sur la poutre centrale. Personne ne l'avait dérangée, elle s'est installée...et il y a des œufs. » Et le producteur de Chinon, à la fois renommé et rendu célèbre par sa girouette représentant une sirène tenant un poisson, a pu poursuivre dans la même lignée en répondant à nos questions.
Comment s'est passée cette période de
confinement ?
Elle a débuté le 16 mars, c'est-à-dire juste au moment où
la vigne se réveille. Il a fallu s'y mettre tout de suite. D'habitude,
j'emploie des Bulgares durant cette période, ce n'était pas possible cette
année. Heureusement pour moi, avec mes deux fils revenus à la maison en
fonction des événements, et la personne qui s'occupe habituellement de
l'étiquetage, nous avons réalisé à quatre personnes les tâches qui occupent
ordinairement plus de six travailleurs. Techniquement, on a assuré.
Commercialement, on est resté les bras ballants pendant
une bonne semaine. On a ensuite livré les cavistes, à Paris en particulier, qui
ont plutôt bien travaillé au contraire de notre clientèle de restaurateurs,
complètement à l'arrêt, alors qu'elle représente 80 % notre chiffre d'affaires.
Et à la suite du déconfinement...
La vente aux particuliers a redémarré en premier et ça a
été intéressant parce que la plupart avaient bien entamé leurs réserves.
Ensuite, les cavistes continuent de bien travailler et les restaurants viennent de réouvrir. Ceci dit,
2020 sera une année pratiquement blanche, on a perdu beaucoup de chiffre
d'affaires et il a fallu que je passe par un Prêt Garanti par l’État pour payer
les factures des fournisseurs. Le seul élément un peu positif dans cette
mauvaise histoire, c'est que nous pouvons stocker nos produits en attendant des
jours meilleurs.
Côté perso :
La première sortie après le déconfinement ?
Dès le mercredi 13 mai. On a retrouvé, ma femme et moi,
des amis à Saint-Cyr sur Loire...et on a ouvert un magnum de Chinon 1989.
Justement, la dernière bonne bouteille dégustée ?
C'était au début du confinement. Je suis né un 20 mars et
j'ai fêté mon anniversaire avec des amis à la maison. Il me restait une
bouteille de Chinon blanc de 1949…
Vous êtes plutôt « J'épluche les légumes » ou
surgelés ?
On épluche les légumes achetés en circuit court et on
nourrit nos cinq (toutes nouvelles) poules avec les épluchures. J'ajoute que,
pour la première fois de ma vie, j'ai fait un potager dans le jardin. Pour
l'instant, on n'a pu manger que quelques salades et des radis mais tout a bien
poussé.
Une anecdote très particulière pendant le
confinement ?
Mes deux fils sont donc revenus à la maison pendant le
confinement. Celui qui est sommelier était en Australie. L'ambassade de France
l'a contacté pour lui expliquer la situation et il a décidé de rentrer. Il est
arrivé le 21 mars après plusieurs correspondances en aéroport. Il s'est
déshabillé entièrement au milieu de la cour, j'ai sorti le karcher et il a pris
une douche extérieure à l'eau chaude ! On a mis ses vêtements à l'écart
pendant un bon moment avant de les laver.
Des projets, des envies pour l'été ?
Des amis nous ont proposé d'aller passer une semaine en
août avec eux dans leur maison en Corse.
Votre meilleur souvenir de la saison 2019-2020 ?
La qualification du CTHB pour les demi-finales de Coupe de
France. On était tous très heureux !
Comment voyez-vous le CTHB en mai 2021 ?
La saison précédente a été difficile en championnat. Ce
sera certainement mieux en 2020-2021 et on espère vivre, le plus tôt possible,
des matchs européens à la Fontaine Blanche.
Un petit message pour la communauté de partenaires du
CTHB ?
On a tous vécu la même chose avec la covid-19. Je pense
qu'on sera encore un peu plus proche les uns des autres, qu'on aura beaucoup de
plaisir à se taper sur l'épaule quand on va se revoir pour un match ou une
soirée. Et puis, bienvenue à la maison pour venir déguster du Chinon comme le
font, depuis des années, Pierre Matter et Yves Guérin...pour ne citer qu'eux.
François, pour le site du CTHB